La Presse

 

vendredi 3 décembre 2004

Trois agents de la Surveillance générale (SUGE) de la SNCF ont été mis en examen vendredi soir au parquet de Meaux (Seine-et-Marne) après une interpellation violente ayant provoqué le coma d'un jeune homme de 22 ans, a-t-on appris de sources policière et judiciaire.
Les trois ont été mis en examen pour "violences volontaires en réunion", et l'un d'entre eux, auteur du coup ayant plongé la victime dans le coma, a été écroué.
Mardi dernier, vers 20h, à la gare de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), Abdelkader G., habitant Villepinte (Seine-Saint-Denis), a été maîtrisé brutalement par les agents alors qu'il aurait été vu en train de lancer des pierres sur une rame de RER.
Dans une situation confuse, le jeune homme se serait rebellé. Victime d'une fracture du crâne, il est tombé dans un coma profond. Il a été hospitalisé en région parisienne, dans un état critique.
Les trois agents de la SUGE étaient placés en garde à vue depuis jeudi à la Direction régionale de la police judiciaire de Versailles.
Evoquant une "bavure policière", SOS Racisme envisage de se porter partie civile dans ce dossier. AP

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 Le 04 décembre 2004

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Abdelkader: La LDH dénonce l'"ingérence" du préfet dans l'instruction       6 déc. 2004

La Ligue des droits de l'Homme (LDH) a dénoncé lundi l'"ingérence insupportable", dans l'instruction sur l'interpellation d'un jeune homme depuis dans le coma, du préfet de Seine-et-Marne qui a, selon l'association, "décrété que les policiers (étaient) hors de cause".
Lors de cette interpellation, à laquelle ont participé des agents de la surveillance générale (Suge) de la SNCF d'une part, des policiers d'autre part, "le préfet vient de décréter que les policiers sont hors de cause", selon un communiqué de la LDH.
"Cette précipitation à décider, avant même que l'instruction ait débuté, qui est responsable et qui ne l'est pas, constitue une ingérence insupportable du préfet dans le déroulement d'une procédure judiciaire", poursuit la LDH.
Dimanche, dans un communiqué, la préfecture de Seine-et-Marne a estimé qu'il ressortait "de l'enquête de la PJ que les décisions judiciaires n'ont concerné que les agents de la Suge, mettant hors de cause les fonctionnaires de la police nationale".
Abdelkader Ghedir, 21 ans, était toujours hospitalisé dans le coma lundi après-midi. L'interpellation avait eu lieu mardi soir.

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Abdelkader: les syndicats de la SNCF demandent que "toute la lumière soit faite"        6 déc. 2004 

Les syndicats CGT, FO et CFE-CGC de la SNCF ont demandé, lundi dans des communiqués distincts, que "toute la lumière soit faite" sur les circonstances dans lesquelles Abdelkader, 21 ans, est tombé dans le coma après son interpellation à la gare de Mitry-Mory (Seine-et-Marne).
Trois agents de la surveillance générale (Suge) de la SNCF ont été mis en examen vendredi et l'un d'eux écroué pour "violences volontaires", tandis qu'une enquête de l'IGPN sur le comportement de la police a été exclue par les autorités.
La CGT-Cheminots, dans un communiqué, "regrette cet évènement dramatique et exige que toute la lumière soit faite sur cette affaire".
"A ce stade aucun élément ne nous permet de dire qu'untel est coupable", a affirmé à l'AFP Didier Le Reste, secrétaire général de la CGT-Cheminots, qui compte interpeller le ministre des Transports Gilles de Robien ce lundi lors d'une réunion avec les syndicats de cheminots.
"Nous allons lui demander que l'agent écroué soit remis en liberté et qu'une véritable enquête soit menée", a-t-il ajouté, faisant part d'un "émoi fortement ressenti" chez les cheminots.
Le syndicat "invite" les pouvoirs publics "à ne pas prendre de décisions qui les couperaient des usagers et des autres cheminots".
"Toute la lumière doit être faite", estime également FO-Cheminots qui trouve "pour le moins surprenant qu'à ce jour aucune enquête interne à la police ne soit ouverte compte tenu des zones d'ombre qui subsistent dans cette affaire".
FO "apporte son soutien aux trois agents mis en examen". Un rassemblement de soutien aux agents de la Suge a eu lieu ce lundi dans les locaux de la gare de Lyon, selon ce syndicat. Un autre est prévu le 9 décembre.
La CFE-CGC affirme, elle aussi, que "la lumière doit être faite", et "demande que l'enquête soit menée avec le même sérieux au sein de la police nationale".
Selon elle, les trois cheminots mis en examen sont "connus et reconnus par leurs collègues et supérieurs hiérarchiques pour le professionnalisme avec lequel ils exercent leur métier".
Le syndicat de cadres "rappelle que les cheminots de la Suge exercent un métier difficile, policiers en fait, sans l'être réellement en droit", et qu'ils "attendent d'être reconnus et soutenus par ces mêmes pouvoirs publics qui ont réglementé leur métier".

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  Le 06 décembre 2004

Le grand flou autour de la bavure de Mitry-Mory
Derrière des banderoles où l’on pouvait lire les mots « Justice » et « Vérité », une centaine de personnes ont organisé samedi à Villepinte (Seine-Saint-Denis) une marche silencieuse en soutien au jeune Abdelkader Ghedir, plongé dans le coma depuis mardi 30 novembre suite à une violente interpellation à la gare RER de Villeparisis-Mitry-le-Neuf, à Mitry-Mory (Seine-et-Marne). Trois agents de la Surveillance - générale (Suge) de la SNCF (lire encadré) ont été mis en examen pour « violences - volontaires » et l’un d’eux a été écroué. Malgré une reconstitution organisée jeudi 2 décembre afin de définir les responsabilités des agents de la Suge et des policiers présents, il est encore difficile de comprendre à ce jour ce qui s’est réellement passé ce mardi soir.

Coups de genou, de pied, de matraque

Peu avant 20 heures, des agents de la SNCF auraient appelé la police de Mitry-Mory et la Suge pour les - prévenir de la présence de « jeunes sur les voies, qui - jettent des pierres sur les trains ». Les policiers arrivés sur place auraient trouvé « un jeune agité », « qui a bu » et auraient attendu le renfort des agents de la Suge. Ce sont ces derniers qui auraient conduit Abdelkader devant la gare. Là, le jeune homme de vingt et un ans aurait été jeté au sol et aurait reçu un coup de genou à la tête, des coups de matraques suivis de coups de pieds provoquant des lésions cérébrales. Or, selon le témoignage de l’un des amis d’Abdelkader présents avec lui ce soir-là, ce dernier aurait justement tenté de dissuader un homme ivre qui marchait sur les voies SNCF et qui lançait des pierres sur les quais de la gare. C’est en empruntant le souterrain pour se rendre à la gare qu’Abdelkader est interpellé par les agents de la Suge et - directement nommé par l’un d’eux : « C’est lui ! » Confondu avec l’homme qui marchait sur la voie, selon le témoin, Abdelkader est ensuite conduit devant la gare par un groupe « composé indistinctement de policiers et d’agents de sécurité de la SNCF », affirme Me Dominique Tricaud, l’avocat de la famille Ghedir.

Le jeune homme aurait alors subi des violences telles qu’il n’était plus en état de marcher quand la voiture de police le conduisit au commissariat de Villepinte. Il aurait également vomi pendant le trajet sans qu’aucune trace n’ait été relevée dans le véhicule, puis a été placé dans une cellule vers 20 h 15, là où, inconscient, il se serait uriné dessus. Abdelkader Ghedir sera finalement transporté à l’hôpital Beaujon de Clichy, où il est depuis maintenu en coma artificiel.

La famille demande des comptes

Cette version de l’histoire est contestée par Me Corina Kerfant-Merlinot, avocate de l’agent de la Suge incarcéré. « Dans le dossier dont j’ai eu connaissance vendredi, il est indiqué qu’au moment où monsieur Ghedir est remis aux services de police et transporté au commissariat de Villepinte il n’avait aucune blessure », assure-t-elle. Mais qui lui a infligé les coups ? À quelle heure est-il tombé dans le coma ? Impossible de le savoir pour le moment.

Reste que la préfecture de Seine-et-Marne a rejeté la - demande de SOS-Racisme de saisir l’Inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des polices), arguant que, « à ce stade, les fonctionnaires de police (étaient) hors de cause ». Abdelkader Ghedir a fait l’objet d’au moins trois condamnations, dont une à de la prison ferme pour violences aggravées. Mais, aujourd’hui, c’est la famille du jeune homme qui demande des comptes.

Maud Dugrand

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06.12.04

Après le coma d'Abdelkader, SOS-Racisme réclame une enquête approfondie
L'interpellation violente d'un jeune homme de 21 ans, le 30 novembre, en gare de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), ne justifie pas "à ce stade" des investigations de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), a indiqué la préfecture de Seine-et-Marne, samedi 4 décembre.

Un point de vue que conteste SOS-Racisme, qui s'est porté partie civile et réclame une enquête approfondie de la "police des polices" afin d'établir la responsabilité exacte des personnes présentes sur place au moment des faits.

Abdelkader Ghedir se trouve toujours hospitalisé dans un coma profond à l'hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine). Les médecins ont diagnostiqué une fracture du crâne et ont établi que le coma résultait probablement d'une blessure remontant à au moins une dizaine de minutes, "ce qui exclurait des maltraitances commises au cours du transfert ou au commissariat", assure-t-on de source policière.

DÉBORDÉS PAR LES ÉVÉNEMENTS

"Il ressort de l'enquête de la police judiciaire que les décisions judiciaires n'ont concerné que les agents de la SUGE -surveillance générale de la SNCF-, mettant hors de cause les fonctionnaires de la police nationale", a souligné la préfecture, dans un communiqué. Trois agents de la SUGE, âgés de 25 à 30 ans, ont été mis en examen vendredi pour "violences volontaires" (Le Monde du 5 décembre). L'un d'eux, suspecté d'avoir porté un coup de genou avant l'arrivée des policiers sur place, a été écroué à la maison d'arrêt de la Santé. Son avocate, Me Corinna Kerfant-Merlino, devait faire appel de cette décision, lundi 6 décembre.

Les premiers à intervenir en gare de Mitry-Mory, en cette soirée du 30 novembre, ont été deux fonctionnaires du commissariat local, à la demande d'un vigile de la SNCF qui avait repéré une personne jetant des pierres sur les trains. Arrivés sur place, les policiers auraient découvert un homme "en état d'ivresse publique et manifeste", indique une source policière. Ils auraient alors réclamé du renfort. L'interpellation se serait passée en deux temps, dans le souterrain puis dans le hall de la gare. Cinq agents de la SUGE sont intervenus sur les lieux. Trois d'entre eux se seraient employés à maîtriser Abdelkader Ghedir avant de le remettre entre les mains des policiers. Selon les policiers, M. Ghedir aurait reçu un coup de genou à la tête d'un agent de la SUGE, puis serait tombé sur le sol, la tête la première. La préfecture précise que les "gardiens de la paix se trouvaient en retrait" lorsque les agents de la SUGE, "devant l'attitude qualifiée par eux d! 'agressive d'un individu ivre, dont il s'avérait qu'il n'était pas concerné par les jets de pierre, entreprenaient de le plaquer au sol".

Les agents de la SUGE ont expliqué avoir interpellé le jeune homme de façon classique, en lui faisant poser un genou au sol, puis en le couchant par terre. "On fait trop facilement porter le chapeau aux vigiles de la SUGE, qui ont été débordés par les événements, explique Me Dominique Tricaud, avocat de SOS-Racisme. Les policiers se trouvaient bien sur place au moment des faits. Initialement, ils ont expliqué qu'il n'y avait eu aucune violence, puis en ont rejeté la responsabilité sur les agents de la SNCF. Je veux une véritable enquête." Selon l'avocat, Abdelkader Ghedir aurait été dans un premier temps relâché, puis à nouveau pris à partie. "Tout le monde s'accorde à dire qu'il est entré dans la voiture de police sans blessure apparente, souligne Me Kerfant-Merlino. En plus, on n'a trouvé aucune trace de vomi ou de sang à la gare, ni dans la voiture."

Pendant le trajet vers le commissariat, qui a duré environ quatre minutes, M. Ghedir se serait plaint d'un malaise et aurait progressivement perdu connaissance, selon la police. A l'arrivée au commissariat, il n'aurait pas été capable de descendre de la voiture, et aurait été transporté jusqu'aux locaux de garde à vue, dans l'attente des pompiers qui l'ont ensuite transporté à l'hôpital Beaujon.

Entre 150 et 300 personnes ont défilé en silence, samedi 4 décembre, à Villepinte (Seine-Saint-Denis), à l'appel de la famille et de SOS-Racisme, pour réclamer la "vérité" sur les circonstances du drame. Les manifestants, très jeunes pour la plupart, ont traversé la cité Fontaine-Mallet jusqu'à la gare RER du Vert-Galant. En tête du cortège, la mère du jeune homme avait pris place dans une voiture. "Justice, vérité pour Abdelkader", disait une banderole.

Piotr Smolar

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mardi 07 décembre 2004

Victime d'une violente interpellation, le jeune homme est toujours dans le coma.
Dans la cité d'Abdelkader, le calme en attendant la justice

La nuit tombe sur la cité Fontaine-Mallet à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Une guirlande en forme de Père Noël trône dans les branches nues des arbres près du Shopi. Les jeunes passent et repassent près de la façade lépreuse du supermarché. L'état de santé d'Abdelkader Ghedir, 21 ans, hante les conversations. Depuis mardi soir, «cet enfant de la cité» est dans un coma profond à l'hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine) suite à sa violente interpellation en gare de Mitry-Mory (Seine-et-Marne). Trois agents de la Surveillance générale SNCF ont été mis en examen vendredi pour violences volontaires et l'un d'eux a été écroué. Le rôle des policiers, qui auraient été présents lors des faits, continue de susciter de nombreuses interrogations en dépit des déclarations du préfet de Seine-et-Marne assurant que les «fonctionnaires de la police nationale étaient hors de cause».
Rassurer. A la Fontaine-Mallet, on se repasse des bouts de nouvelles d'Abdelkader. Hier matin, «il aurait toussé», affirme Ghadir, un cousin. «Mais, ça veut dire quoi ? On n'est pas médecin», se désole le garçon. Je suis allé le voir, il était gonflé de partout, il y avait des machines tout autour de lui. On attend les résultats, faut s'attendre à des choses.» Khader Arrahmane, 35 ans, s'approche, sert toutes les mains. Il est né ici, «comme Abdelkader», «a joué au foot avec lui». Près de la gare RER de Sevran-Beaudottes, qui jouxte la commune de Villepinte, son restaurant «grec-frites-pizza-spécialités orientales» ne désemplit pas. Pourtant, Khader quitte son commerce pour venir prendre le pouls de sa cité natale plusieurs fois par jour. Pour apaiser les jeunes «qui ont la haine parce qu'Abdelkader a été massacré», rassurer les aînés «qui ont peur pour leurs enfants». «Si ces mecs ont tué un gamin, il faut qu'ils paient devant les juges. Demain, ça peut arriver à mon fils. Il ne faut pas que nos jeunes croient qu'il y a une justice à deux vitesses.»
Marche. En face du Shopi, Yahia, 20 ans, Ibrahim, 18 ans, et Nico, 20 ans, partagent un grec-frites. Samedi, ils ont participé à la marche silencieuse qui a réuni près de 450 personnes pour réclamer «la vérité» sur les circonstances dans lesquelles Abdelkader est tombé dans le coma. Yahia, Ibrahim et Nico s'accrochent à la sagesse ambiante de leur cité. «On essaie de calmer les plus petits», dit Yahia. Ibrahim : «On ne va pas répondre à la violence par la violence. On veut montrer à la police qu'on est plus intelligent qu'eux, qu'on ne cassera rien. On veut que la justice fasse son travail.» Passe un jeune en chandail beige, l'oeil ourlé d'un gros cocard, la paupière zébrée de points de suture. «Ça, c'est le résultat d'un contrôle d'identité l'autre semaine», affirme Khader Arrahmane. Depuis mardi, il «se repasse le fil des événements». Khader, «vingt-cinq ans de boxe thaïlandaise», ne voit pas comment le coup de genou porté à la tête d'Abdelkader selon la version officielle «aurait pu le plonger dans un tel état». Hier, SOS Racisme a renouvelé auprès de Dominique de Villepin sa demande d'ouverture d'une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des polices).
«Ingérence». «Les témoignages recueillis semblent montrer, sans la moindre ambiguïté, que des agents de la police nationale étaient présents au moment des faits, indiquait hier SOS Racisme dans un communiqué. Ainsi, qu'ils aient été témoins passifs de la scène ou qu'ils aient participé aux coups portés au jeune Abdelkader, il n'en demeure pas moins qu'ils ont une part indéniable de responsabilité.» L'association réclame «un Beauvau [du nom de la place du ministère de l'Intérieur, ndlr]» des métiers de la sécurité afin d'engager une réflexion sur des «comportements problématiques» de policiers ou d'agents privés. Selon Me Dominique Tricaud, avocat de l'association et de la famille Ghedir, un témoin important de la scène doit être entendu aujourd'hui par les policiers du SRPJ de Versailles. Les syndicats CGT, FO et CFE-CGC de la SNCF ont demandé, hier dans des communiqués distincts, que «toute la lumière soit faite». «A ce stade, aucun élément ne nous permet de dire qu'un tel est coupable», a affirmé Didier Le Reste, pour la CGT cheminots.
La Ligue des droits de l'homme (LDH) a dénoncé l'«ingérence insupportable», dans l'instruction, du préfet de Seine-et-Marne en décrétant que les policiers étaient hors de cause. Comme dit un habitant de la cité : «Ils voudraient qu'on foute la merde pour noyer la bavure. Mais on ne leur fera pas ce cadeau-là.»

Jacky DURAND

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Interpellé dans le coma: manifestation de soutien à l'agent de Suge écroué     09 déc. 2004

Un millier d'agents de la SNCF, en majorité employés de la Surveillance générale (Suge), ont manifesté jeudi à Paris pour soutenir
leur collègue de la Suge écroué pour "violences volontaires" sur Abdelkader Ghedir, 21 ans, tombé dans le coma après son interpellation, a constaté une journaliste de l'AFP.
Le chiffre d'un millier de participants était donné tant par les organisateurs que par la police.

Les agents de la Suge ont indiqué à cette occasion qu'ils étaient en grève sur pratiquement toute la France depuis samedi, lendemain de l'interpellation de leur collègue.

Une large banderole où était inscrit en lettres noires sur fond blanc: "justice et vérité pour Abdelkader et Yann" était brandie en tête du cortège, qui a défilé dans le silence.

La "marche de soutien", partie de Denfert-Rochereau vers 14h30, devait se rendre devant la prison de la Santé, où l'agent de la Suge est incarcéré depuis vendredi.
Mais elle en a été empêchée par un cordon de gendarmes mobiles à la hauteur de la rue du Faubourg-Saint-Jacques.

Un agent de la Suge Paris-Nord, Stéphane Chatel, a pris la parole pour se féliciter de la "mobilisation massive" qui "montre que la solidarité n'est pas un vain mot" et
du "soutien" du PDG de la SNCF Louis Gallois.

"Je veux dire aux agents de la surveillance générale qu'ils ont notre confiance (...) L'enquête doit (...) se dérouler jusqu'à son terme. Il faut que toutes les responsabilités
puissent être identifiées", a dit M. Gallois jeudi midi sur France-Info.

"Aujourd'hui, une seule version est établie, celle des forces de police, et on ne veut pas entendre la version de la Suge", regrettait, devant la presse, François Grasa,
secrétaire régional FO SNCF Paris-Nord.

Christophe, responsable de l'équipe de cinq agents de la Suge qui a procédé à l'interpellation d'Abdelkader, réfutait toute responsabilité dans cette affaire.
"On a interpellé Abdelkader sur réquisition de la police qui s'était fait insulter. Arrivé devant la gare, on l'a relâché. Il s'est énervé, nous a insultés et a frappé
un collègue au bras. On l'a interpellé proprement, sans heurt ni violence, on l'a menotté et on l'a chargé dans la voiture de police en parfaite intégrité physique".

Il a affirmé qu'"aucun coup de genou n'avait été porté" et qu'Abdelkader "n'était pas tombé brutalement". Il a également mis en avant le fait que l'agent écroué
était un ancien moniteur des techniques d'interpellation.

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Affaire Abdelkader : Les vigiles de la SNCF manifestent pour obtenir « la vérité »   vendredi 10 décembre 2004

JUSTICE et vérité pour Abdelkader et Yann. » Tel était le message des quelque 1 200 agents de la Surveillance générale (Suge), le service de sécurité de la SNCF, qui ont manifesté hier à Paris pour soutenir leur collègue écroué pour « violences volontaires » à la suite de l'interpellation musclée d'Abdelkader Ghedir, 21 ans, voilà dix jours à la gare de Mitry-Villeparisis (Seine-et-Marne). Ce jeune homme de la cité des Merisiers à  Villepinte s'est retrouvé dans un coma profond.

Samedi dernier, sa famille et ses proches avaient défilé à Villepinte en brandissant une banderole sur laquelle était écrit « Justice et vérité pour Abdlekader ». Les cheminots venus de toute la France ont défilé en silence, avec une seule banderole, de la place Denfert-Rochereau, en direction de la prison de la Santé où leur collègue de 31 ans, Yann, est incarcéré. A leurs côtés, des membres du GPSR, le service d'ordre de la RATP, et des policiers municipaux. « Nous demandons que toute la lumière soit faite pour Abdelkader et sa famille mais aussi la liberté et la justice pour Yann et ses deux collègues », a déclaré Stéphane Chatel, de la brigade de Paris-Nord. Outre l'écroué, deux autres agents sont mis en examen. Une « injustice » pour leurs collègues. « Il fallait un bouc émissaire pour calmer les banlieues, enrage Robert, de Lyon. Mais aujourd'hui, les voyageurs nous regardent de travers. » « Tous les cheminots se sentent touchés, souligne Eric Falempin, secrétaire général de Force ouvrière. Des zones d'ombre persistent entre les déclarations de nos collègues et celles de la police. » « Nous sommes là pour partager la douleur de la famille du jeune homme, poursuit Eric Edard, secrétaire de la CGT. Mais aussi pour la libération de Yann afin qu'il puisse passer les fêtes avec ses enfants. » Avant-hier, le référé de liberté présenté par son avocate a été rejeté. L'appel devrait être examiné la semaine prochaine. En attendant, les cheminots maintiennent la mobilisation. Des pétitions circulent. Ceux qui ont rendu leurs agréments samedi, au lendemain de la mise en détention, comptent poursuivre la grève. Et une nouvelle manifestation n'est pas exclue. Un peu plus tôt, le PDG de la SNCF, Louis Gallois s'est exprimé pour la première fois, assurant les agents de la Suge de sa « confiance ». Tout en précisant : « L'enquête doit se dérouler jusqu'à son terme. Il faut que toutes les responsabilités puissent être identifiées. » Pour l'heure, les enquêteurs du service régional de la police judiciaire de Versailles poursuivent leurs investigations. Mais rien ne viendrait contredire les faits établis lors de la remise en situation.

Le député Asensi interpelle le ministre de l'Intérieur. François Asensi, maire de Tremblay-en-France et député de la circonscription qui englobe Tremblay-en-France, a écrit mercredi au ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, pour attirer son attention sur cette affaire. « Je m'associe à la demande des proches d'Abdelkader pour que justice et vérité soient faites, écrit François Asensi, notamment que l'IGPN (NDLR : la police despolices) soit saisie de ce dossier car, quelle qu'ait été le degré d'implication des policiers, il est établi qu'ils étaient présents lors de cette interpellation. »  

PARIS, HIER. Près de 1 200 agents de la Suge ont défilé hier à Paris pour soutenir leur collègue incarcéré à la suite de l'interpellation d'Abdelkader, un habitant de Villepinte, aujourd'hui dans le coma.   (LP/ALAIN AUBOIROUX.)

Agnès Vives

Le Parisien , vendredi 10 décembre 2004

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Dans une lettre du député François ASENSI  (Député-maire de Tremblay-en-France) distribuée dans les commune du 93

( sevran, Tremblay en France et Villepinte ) ( janvier 2005)

SAISINE D'INITIATIVE PARLEMENTAIRE

A la suite de son interpellation en gare de Villeparisis le 30 novembre dernier, le jeune Abdelkader Ghedir sombrait dans le coma.

Choqué comme tous par l'issue de cette interpellation et souhaitant que toute la lumière soit faite sur cette affaire, dans un souci de vérité et justice, j'ai écris au ministre de l'intérieur pour que soit saisi l'Inspection Général des Services de la Police Nationale.

Parrallèllement, j'ai, au nom de la Famille Abdelkaer Ghédir, saisie la commission Nationale de déontologie de la sécurité.

Nous sommes tous attachés à la sécurité mais celle ci doit s'exercer dans le respect le plus strict des principes Républicains.

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Interpellé dans le coma: manifestation de soutien à l'agent de Suge écroué       09/12/04

Un millier d'agents de la SNCF, en majorité employés de la Surveillance générale (Suge), ont manifesté jeudi à Paris pour soutenir leur collègue de la Suge écroué pour "violences volontaires" sur Abdelkader Ghedir, 21 ans, tombé dans le coma après son interpellation, a constaté une journaliste de l'AFP.
Le chiffre d'un millier de participants était donné tant par les organisateurs que par la police.
Les agents de la Suge ont indiqué à cette occasion qu'ils étaient en grève sur pratiquement toute la France depuis samedi, lendemain de l'interpellation de leur collègue.
Une large banderole où était inscrit en lettres noires sur fond blanc: "justice et vérité pour Abdelkader et Yann" était brandie en tête du cortège, qui a défilé dans le silence.
La "marche de soutien", partie de Denfert-Rochereau vers 14h30, devait se rendre devant la prison de la Santé, où l'agent de la Suge est incarcéré depuis vendredi. Mais elle en a été empêchée par un cordon de gendarmes mobiles à la hauteur de la rue du Faubourg-Saint-Jacques.
Un agent de la Suge Paris-Nord, Stéphane Chatel, a pris la parole pour se féliciter de la "mobilisation massive" qui "montre que la solidarité n'est pas un vain mot" et du "soutien" du PDG de la SNCF Louis Gallois.

"Je veux dire aux agents de la surveillance générale qu'ils ont notre confiance (...) L'enquête doit (...) se dérouler jusqu'à son terme. Il faut que toutes les responsabilités puissent être identifiées", a dit M. Gallois jeudi midi sur France-Info.

"Aujourd'hui, une seule version est établie, celle des forces de police, et on ne veut pas entendre la version de la Suge", regrettait, devant la presse, François Grasa, secrétaire régional FO SNCF Paris-Nord.
Christophe, responsable de l'équipe de cinq agents de la Suge qui a procédé à l'interpellation d'Abdelkader, réfutait toute responsabilité dans cette affaire. "On a interpellé Abdelkader sur réquisition de la police qui s'était fait insulter. Arrivé devant la gare, on l'a relâché. Il s'est énervé, nous a insultés et a frappé un collègue au bras. On l'a interpellé proprement, sans heurt ni violence, on l'a menotté et on l'a chargé dans la voiture de police en parfaite intégrité physique".
Il a affirmé qu'"aucun coup de genou n'avait été porté" et qu'Abdelkader "n'était pas tombé brutalement". Il a également mis en avant le fait que l'agent écroué était un ancien moniteur des techniques d'interpellation.

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13/12/2004  par Natacha Czerwinski

Sécurité Agents SNCF ou policiers?

La bavure récente dans une gare de banlieue relance le débat sur le statut bancal des 2 000 vigiles qui surveillent le réseau
Un homme dans le coma, trois agents de la SNCF mis en examen pour violences volontaires, dont un écroué: l'interpellation, le 30 novembre dernier, d'Abdelkader Ghedir, 21 ans, en gare de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), a tourné à l'épreuve de force. Selon les premiers éléments de l'enquête, Abdelkader aurait été intercepté par des agents de la Surveillance générale (Suge), la police interne de la société de chemins de fer, et remis à des policiers appelés sur les lieux. Le jeune homme se serait débattu et aurait reçu un coup de genou à la tête, des coups de pied et de matraque. Dès le 4 décembre, la police nationale a été mise hors de cause et une enquête de l'inspection générale a été exclue. Au plus grand étonnement de SOS-Racisme et de la Ligue des droits de l'homme.

«Accuser la Suge, c'est un moyen d'éviter de mettre le feu dans les banlieues», grincent les syndicats de cheminots. Montrés du doigt, ces agents ont l'impression de payer le prix de leur statut bancal. A cheval entre la SNCF et la police, les quelque 2 000 cheminots vigiles ont pour mission de surveiller et de sécuriser les trains et les gares, voire d'interpeller les auteurs d'un délit. Leur marge de manœuvre est définie par l'article 73 du Code de procédure pénale, qui stipule que, dans les cas de crime flagrant, «toute personne a qualité pour en appréhender l'auteur et le conduire devant l'officier de police judiciaire le plus proche». Bénéficiant d'une formation initiale de vingt-six semaines dispensée par l'entreprise, ils disposent d'une autorisation de port d'arme délivrée par la préfecture de police. «Ils sont toujours sur le fil du rasoir, estime Eric Tournebœuf, secrétaire général de l'Unsa-Cheminots. Ils remplissent des missions de sécurité publique, sans avoir les mêmes prérogatives que la police. Ils ne peuvent pas verbaliser, juste retenir les personnes incriminées.»

Leur apparence même - uniforme bleu marine siglé «police ferroviaire», pistolet à la ceinture, bombe lacrymogène et «tonfa» (matraque) - se confond avec celle des agents de la police nationale. «On est comme du Canada Dry pour la police», ironise un agent de la Suge. Un amalgame entretenu, s'insurgent les syndicats de policiers. «Il y a un mélange des genres inacceptable, explose Frédéric Lagache, secrétaire national d'Alliance. Ces garçons portent une arme, ils ont un pouvoir de coercition. C'est une atteinte à la liberté des citoyens.»

Le profil de ces vrais-faux policiers a changé. «Les agents les plus anciens se sentent cheminots avant tout, car ils étaient souvent recrutés en interne, explique Didier Marchat, chargé du dossier sûreté à SUD-Rail. Mais les plus jeunes sont parfois frustrés de ne pas être entrés dans la police.» Des «cow-boys» qui pourraient être tentés de jouer, toujours plus, au gendarme.

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Lundi 13 décembre 2004

Nouvelles auditions dans l’affaire Abdelkader Ghedir

Les zones d’ombre persistent dans l’affaire Abdelkader Ghedir. Ce jeune homme de 21 ans est tombé dans un coma profond après son arrestation, le 30 novembre, par des agents de la surveillance générale (Suge) de la SNCF et des policiers. La DRPJ (direction régionale de la police judiciaire) de Versailles a auditionné plusieurs nouveaux témoins durant la semaine écoulée. Une amie de la victime aurait contesté la version selon laquelle seuls les agents de la Suge se seraient livrés à des actes de violence sur le jeune homme. De son côté, le syndicat FO-Cheminots demande au ministre de l’Intérieur de saisir l’IGPN (la police des polices) et réclame la libération de l’agent de la Suge incarcéré dans cette affaire.

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   Mardi 08 février 2005

 Abdelkader Ghedir n’est plus dans le coma

Abdelkader Ghedir est sorti du coma « peu avant le week-end », a indiqué hier l’avocat de sa famille. Dominique Tricaud craint toutefois que le jeune de 21 ans ne retrouve jamais toutes ses facultés. Abdelkader Ghedir avait été l’objet d’une arrestation mouvementée à la gare RER de Mitry-Mory (Val-de-Marne), le 30 novembre. Interpellé par la surveillance générale (Suge) de la SNCF, il avait été remis à la police et était tombé dans le coma.

Un agent de la Suge, Yann Faucher, avait par la suite été incarcéré à la prison de la Santé. Après le rejet de sa quatrième demande de remise en liberté, une centaine de ses collègues ont convoqué, hier, une « réunion de crise » à la gare du Nord. Ils ont décidé de ne plus assurer la sécurité des trains et des gares sur le secteur de Paris-Nord « jusqu’à la libération de Yann », affirme le syndicat Force ouvrière. Car Abdelkader Ghedir a été « remis en bon état au niveau de la voiture de police », continue de répéter le syndicat. Dès hier soir, les secteurs d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Pontoise (Val-d’Oise) ou Beauvais (Oise) étaient touchés par le mouvement de protestation, selon FO.

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samedi 05 mars 2005 Par Jacky DURAND


Abdelkader Ghedir sorti de trois mois de coma le jeune homme avait été violemment interpellé fin novembre en gare de Mitry-Mory.

près plus de trois mois de coma, Abdelkader Ghedir parvient depuis lundi «à prononcer quelques mots très simples», selon l'avocat de sa famille. «Il demeure sous assistance respiratoire», indiquait, mercredi, Me Dominique Tricaud. Le jeune homme âgé de 21 ans a été hospitalisé à l'hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine) le 30 novembre, suite à sa violente interpellation en gare de Mitry-Mory (Seine-et-Marne) par des agents de la surveillance générale SNCF (la Suge), qui l'avaient ensuite remis à des policiers. Une information judiciaire avait été ouverte le 3 décembre par le parquet de Meaux. Trois agents de la Suge avaient été mis en examen pour violences volontaires et l'un d'eux demeure depuis écroué malgré plusieurs demandes de remises en liberté.

Pour les syndicats de cheminots, seule la version policière avait été prise en compte alors que leurs collègues de la Suge affirmaient avoir remis Abdelkader en bon état physique aux policiers. Le rôle des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur avait suscité de nombreuses questions en dépit des déclarations du préfet de Seine-et-Marne assurant que les «fonctionnaires de la police nationale étaient hors de cause».
Abdelkader aurait reçu un coup de matraque au moment où il montait dans le véhicule de police, selon un témoin entendu par
les enquêteurs.

 

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                     Le 10 mars 2005 par Emmanuelle WALTER